À l’heure du numérique, l’expatriation est-elle toujours un catalyseur de carrière pour les financiers ?

À l’heure où les réunions se font en visio et où les collaborations internationales s’organisent en quelques clics, la question se pose : l’expatriation est-elle encore un levier de carrière incontournable pour les financiers ? Historiquement, travailler à Londres, New York ou Singapour représentait un accélérateur pour toute carrière en finance. Mais avec la digitalisation et les nouveaux modes de travail hybrides, la nécessité de s’implanter physiquement dans un hub financier est-elle toujours aussi forte ? Dans mon dernier article, j’explore : ✅ L’évolution du rôle de l’expatriation dans la finance ✅ L’impact de la digitalisation sur les opportunités internationales ✅ L’importance du réseau et des compétences interculturelles ✅ Les alternatives émergentes à la mobilité physique

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François-Charles Berthois

3/5/20255 min read

a plane flying in the sky at sunset
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À l’heure du numérique, l’expatriation est-elle toujours un catalyseur de carrière pour les financiers ?

1. Introduction : Contexte et enjeux

L’expatriation a longtemps été considérée comme un tremplin de carrière incontournable dans le domaine de la finance. Ce passage obligé dans certaines entreprises offrait aux professionnels de la finance une opportunité unique d’acquérir une expertise reconnue, de développer leur réseau et d’accéder à des postes stratégiques. Pourtant, à l’ère du numérique, où les interactions professionnelles se digitalisent grâce aux outils de visioconférence et aux plateformes collaboratives, l’expatriation conserve-t-elle toujours la même valeur aux yeux des recruteurs et des employeurs ?

Face à cette transformation du monde du travail, il est légitime de se demander si partir à l’étranger est encore un impératif pour accélérer sa carrière, ou si les nouvelles dynamiques de communication et de gestion à distance suffisent désormais à évoluer dans un environnement international. Cet article explore les évolutions de la mobilité des talents financiers et analyse dans quelle mesure l’expatriation reste un atout stratégique.

2. Histoire et importance traditionnelle de l’expatriation dans la finance

L’expatriation a longtemps été un marqueur de prestige et de progression rapide au sein des entreprises, notamment en finance. Dans les années 80 et 90, une expérience à l’international était souvent perçue comme un passage obligé pour accéder à des postes à haute responsabilité. Une étude réalisée sur plusieurs centaines de profils a révélé que les collaborateurs envoyés à l’étranger par leur entreprise bénéficiaient généralement de responsabilités élargies, d’une gestion de périmètres plus complexes et, à leur retour, d’une évolution salariale significative.

Les entreprises voyaient dans l’expatriation un levier stratégique pour former leurs talents et leur permettre d’acquérir une vision globale du marché. En parallèle, le retour d’expatriation était généralement assorti d’une reconnaissance accrue et d’un positionnement avantageux dans l’organigramme. Londres, Wall Street, Hong Kong ou encore Tokyo ont ainsi été perçus comme des destinations incontournables pour toute carrière en finance ambitieuse. Ces expériences offraient aux talents l’opportunité de travailler avec des acteurs internationaux, d’évoluer dans des environnements réglementaires et économiques variés, et de renforcer leur expertise technique.

3. L’impact de la digitalisation sur la notion de mobilité

L’essor du numérique a profondément modifié les dynamiques de travail, permettant aux professionnels de collaborer avec des équipes dispersées aux quatre coins du globe sans quitter leur pays d’origine. L’adoption massive du télétravail et des outils de communication digitale a remis en question l’importance de la mobilité physique.

Les plateformes de visioconférence comme Zoom et Microsoft Teams ont rendu les réunions internationales accessibles en quelques clics, tandis que les outils collaboratifs tels que Slack, Asana ou Notion facilitent le travail en équipe malgré la distance. Les entreprises peuvent désormais recruter des talents à l’étranger sans exiger une présence physique constante, et certaines fonctions qui nécessitaient auparavant une implantation locale peuvent aujourd’hui être exercées à distance.

Cependant, malgré ces avancées, la digitalisation ne saurait totalement remplacer l’expérience immersive qu’offre une expatriation. La création de liens de confiance, l’intégration à un marché local et la compréhension fine des subtilités culturelles restent des éléments difficiles à transposer dans un cadre purement virtuel. Pour certaines professions, notamment dans la banque d’investissement ou la gestion d’actifs, le réseau et la proximité avec les décideurs demeurent des facteurs déterminants qui nécessitent une présence physique.

4. L’expatriation comme levier de carrière : argumentaire et nuances

Si l’expatriation n’est plus un passage obligé, elle continue néanmoins de représenter un avantage stratégique dans une carrière financière. Travailler à l’étranger permet aux professionnels de se confronter à des méthodes de travail différentes, de comprendre les dynamiques économiques d’autres régions et d’acquérir une vision globale du marché.

Les recruteurs considèrent toujours l’expatriation comme un marqueur d’ouverture et d’adaptabilité. Cependant, avec les outils actuels, elle est désormais perçue comme un choix personnel plutôt que comme une nécessité imposée par le marché. Les entreprises sont conscientes que les outils de communication digitale facilitent grandement les collaborations internationales et que la mobilité physique n’est plus toujours indispensable. En revanche, elles reconnaissent aussi que les profils envoyés à l’étranger sont souvent des talents à haut potentiel, sélectionnés pour leur capacité à gérer des environnements complexes.

Un autre aspect fondamental de l’expatriation est le développement du soft power relationnel. La finance repose en grande partie sur la confiance, les interactions informelles et la capacité à construire des relations solides avec les partenaires et les clients. La présence sur le terrain reste un facteur clé dans la conclusion de transactions, la négociation de contrats et l’accès à des opportunités de carrière qui ne sont pas toujours visibles depuis l’étranger.

5. Les compétences clés pour un financier à l’international, avec ou sans expatriation

Indépendamment de la nécessité de s’expatrier, certaines compétences sont incontournables pour évoluer dans un environnement international. Savoir travailler à distance, maîtriser les outils numériques et être capable de gérer des projets avec des équipes multiculturelles sont désormais des prérequis.

Une bonne connaissance des normes financières et réglementaires applicables à différents marchés, comme les normes IFRS ou US GAAP, est essentielle pour opérer dans un contexte international. De même, la capacité d’adaptation aux spécificités culturelles de chaque pays permet de mieux comprendre les attentes des clients et des partenaires locaux.

Les entreprises valorisent de plus en plus les profils capables de combiner expertise technique et intelligence relationnelle. La flexibilité, la curiosité et la capacité à évoluer dans des environnements changeants sont des qualités essentielles pour toute carrière en finance internationale, qu’elle passe par une expatriation ou non.

6. Conclusion : Synthèse et prospective

L’expatriation reste un levier de carrière puissant, mais elle a perdu son caractère incontournable. Grâce aux avancées technologiques et aux nouvelles formes de travail, il est désormais possible d’évoluer dans un environnement international sans nécessairement quitter son pays d’origine. Cependant, pour ceux qui souhaitent accélérer leur progression professionnelle et renforcer leur réseau, une expérience à l’étranger demeure un atout significatif.

L’avenir semble se diriger vers une hybridation des modèles, où les périodes de travail à distance coexistent avec des déplacements ponctuels pour consolider les relations professionnelles. Les missions de courte durée ou les collaborations transfrontalières sans expatriation totale gagnent du terrain et pourraient redéfinir la manière dont les carrières en finance se construisent à l’échelle internationale.

Ainsi, pour tout professionnel du secteur, l’important est de bien évaluer les opportunités offertes par une expatriation et de prendre en compte les alternatives numériques. S’appuyer sur l’expertise d’intermédiaires spécialisés, tels que les chasseurs de tête et les consultants en gestion de carrière, peut aider à bâtir une stratégie adaptée aux ambitions et aux évolutions du marché mondial.